mercredi, décembre 13, 2006

Pierre Moscovici perd la présidence du Mouvement européen France

LE MONDE 11.12.06 14h20 • Mis à jour le 11.12.06 14h20

Sylvie Goulard, ancienne collaboratrice de Romano Prodi à Bruxelles, énarque et germaniste, a été élue samedi 9 décembre à la présidence du Mouvement européen France (MEF), la plus ancienne des associations proeuropéennes. A 42 ans, elle a battu le socialiste Pierre Moscovici, ex-ministre délégué aux affaires européennes de Lionel Jospin, qui bénéficiait pourtant d'une alliance avec le député (UMP) Pierre Lequillier. Tous deux avaient proposé un "plan d'action" pour que le MEF devienne "le porte-voix des proeuropéens".

Opposante à l'adhésion de la Turquie, Mme Goulard a défendu l'idée que la relance du MEF ne pouvait venir que de la société civile. "Nous avons fait le constat que les hommes politiques n'ont pas le temps de s'occuper du mouvement", affirme Mme Goulard, qui entend occuper sa fonction à plein temps. "Après le non au référendum, il est particulièrement important de pouvoir faire entendre des voix indépendantes des partis sur l'Europe. L'enjeu des prochains mois est de savoir si nous allons interpeller les candidats à la présidentielle. C'est plus facile si on n'est pas dans les officines de campagnes", déclare Mme Goulard.

M. Moscovici a été victime de la réforme des statuts qu'il avait fait adopter en 2005. Cette réforme avait prévu une véritable élection pour la présidence du mouvement, alors que celle-ci était traditionnellement cooptée entre les deux grandes familles proeuropéennes, les socialistes et les centristes. L'influence démocrate chrétienne centriste y a souvent été prépondérante et l'arrivée de M. Moscovici avait mis fin à une longue série de présidents UDF.

Le vote a suscité un choc qui va exiger beaucoup de doigté à Mme Goulard, pour ne pas mettre en péril l'existence du mouvement. Avec la défaite de M. Moscovici, certains socialistes suspectent le MEF d'être trop lié au courant chrétien-démocrate et d'avoir voulu trouver un bouc émissaire à sa propre impuissance. D'autres voient plus un reflet du rejet des formes classiques de la politique. "Il y a dans ce vote un certain effet Ségolène Royal", analysait l'ancienne ministre socialiste Catherine Lalumière, qui a soutenu le maintien de la direction sortante.